Claudette Allosio, l’antre des métamorphoses
Ses dernières créations sont une nouvelle étape dans sa démarche artistique. Elles se concentrent sur des formes colorées aléatoires travaillées en relief. Leur sensation de mouvement en donne une version puissamment expressive, retrouvant la force qui séduit tant Claudette Allosio dans la nature.
Ses recherches sur le végétal, le minéral et leur expression mouvante, la conduisent à s’écarter des normes de la représentation. En choisissant de n’évoquer qu’une partie fragmentaire, l’artiste supprime tous les détails anecdotiques dans une parfaite abstraction. La liberté de son instinct fondé sur le respect de la nature, lui permet de réinterpréter l’énergie de l’environnement. Elle en conserve un témoignage ardent par le biais de son souvenir et de son imagination.
« Après un travail figuratif depuis de nombreuses années, puis une étude sur les déformations de la nature observée, j’accède à la quintessence des éléments naturels. »
Ce jaillissement du vivant, mouvementé, haut en couleur, s’ouvre, déborde. Dans une riche nébulosité, l’élan envahit tout l’espace de la surface laissant la virulence des tonalités se diluer aux confins de la toile. Les valeurs chromatiques s’intègrent procurant une dimension physique immédiate. Dans cette exultation colorée, des teintes franches plus saturées que d’autres se détachent et sautent aux yeux.
A l’acrylique, la nature de l’espace visible glisse du plan large au détail et vice versa. Ce va-et-vient permet parfois une certaine possibilité de reconnaissance, parfois une association irréelle. Le domestique et l’inconnu se répondent ainsi accordant à l’anecdotique la possibilité de devenir signifiant.
« Le travail à l'acrylique fluide, avec une technique particulière, le pouring, ouvre un champ de créativité énorme et excitant, où la part alchimique des produits utilisés aboutit tantôt à la dilution, tantôt à la fragmentation. C'est deux phénomènes physiques m'interrogent toujours… »
Une nouvelle expérimentation fondée sur l’ajout de matériaux lui confère une liberté inédite lorsqu’elle utilise le pastel sec. Pour approfondir le relief de ses formes aléatoires colorées, Claudette compose au fil de ses ressentis en ajoutant parfois des collages de matières, de papiers de soie, de fibres naturelles. Ces effets s’apparentent à des formes de chrysalides, des cocons ; l’antre de métamorphoses et d’autres empreintes du fugitif. De ces fragments autonomes naissent des espaces multiples qui tracent une vision poétique et parcellaire. Saisies selon des angles de vue inédits, ces œuvres apparaissent plus synthétiques que les précédentes avec une fascinante faculté plastique.
Canoline Critiks
Avril 2020